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Khalil Gibran, l’Âme du Liban

Dernière mise à jour : 28 janv. 2022





1883—Naissance de Khalil Gibran à Bcharré, près des forêts des grands cèdres, au Liban

1895—Départ de la famille pour Boston aux États-Unis. Le père reste au Liban 1898—Retour de Khalil Gibran à Beyrouth où il intègre le Collège de la Sagesse

1902—Nouveau départ pour Boston et mort de sa sœur Sultana. Son talent commence à être reconnu en qualité de peintre et de poète 1903—Mort de sa mère

1904— Mary Hazkell le protège et engage une longue correspondance avec le poète 1905—Premier ouvrage : La Musique, suivi des Nymphes des vallées (1907)

1908—Publication des Esprits rebelles. L’Église maronite condamne cette œuvre dite "hérétique" qui sera publiquement brûlée par le pouvoir ottoman. Khalil Gibran s’envole pour la France et Paris où il va étudier les Beaux-Arts

1910—Retour à Boston et installation définitive à New York

1912—Début d’une correspondance avec l’écrivaine libanaise May Ziyada qui vit en Égypte

1916— Khalil Gibran se mobilise en faveur des victimes de la famine provoquée par la guerre au Liban 1918—Parution du Fou, suivi en 1919 de Processions




1920—Le Précurseur et Tempêtes. Khalil Gibran fonde avec d’autres écrivains arabes le Cénacle de la plume, ayant pour objectif de moderniser la langue arabe et de traduire de nombreux auteurs dans cette même langue

1923—Parution du Prophète qui sera traduit dans de très nombreux pays d’Europe

1926— Le Sable et l’Écume

1928— Jésus, fils de l’homme, suivi des Dieux de la Terre, de l’Errant et du Jardin du prophète

1931— Mort de Khalil Gibran à New York. Il repose dans le Couvent de Mar Sarkis, près de la Vallée Sainte, au Liban.


Le Prophète universel

Après douze années d’exil dans la cité d’Orphalese, Al Mustapha, l’élu et le bien-aimé, voit venir le bateau qui doit le ramener dans son île natale. À l’annonce de son départ, le peuple d’Orphalese se rassemble devant le Temple sur la Place publique. De cette foule immense qui accompagne le Bien-aimé, des hommes et des femmes l’interrogent dont une devineresse, Almitra, qui lui demande de leur dire à tous "ce qui lui fut montré d’entre naissance et mort." La première révélation est celle de l’Amour qui sera, d’ailleurs, le vecteur principal de son enseignement. Par quelques phrases jaillies de son inspiration poétique, le Prophète répond. Il parle ainsi de l’exil, du travail, de la joie et de la tristesse, du crime et du châtiment, des lois, du plaisir, du temps, de l’amitié, de la beauté, de la mort, de la douleur, des enfants... « Vos enfants ne sont pas vos enfants, dit-il, ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même. » Il conduit au seuil de notre propre esprit. Il nous donne à penser. Ce livre est une bible dont les réponses sont en abîme. Khalil Gibran est maronite, mais son christianisme est teinté d’orientalisme. Ses références ne sont pas seulement chrétiennes. Le "Dieu-Nature" a profondément influencé sa croyance, depuis son enfance dans la Vallée de la Kadisha où l’on aurait dit que le monde y a été créé. C’est là qu’il a « suivi l’onde et gravi les rochers », et qu’il s’est « enivré d’aube dans des coupes remplies d’éther. » Il s’entretient avec les arbres de la forêt, non avec les hommes. La raison et la passion sont « le gouvernail et les voiles de l’âme navigante. »

L’ami est « le champ que vous ensemencez avec amour et moissonnez avec reconnaissance. » Ce panthéisme l’apparente au théisme. "Notre Dieu qui est notre Moi ailé." Il crée un univers mystique et païen dans une profusion de courants composant une religion nouvelle et universaliste. L’auteur avait 15 ans lorsqu’il écrivit la première version du Prophète. Elle fut maintes fois reprise et repensée avant d’être imprimée 25 ans plus tard. « Je voulais, écrit-il, être tout à fait sûr que chaque mot fût le meilleur que j’eusse à offrir. » Mais, il avoue que l’essentiel ne peut être dit, il se dit appartenir à ceux dont "l’esprit demeure dans le rythme du silence." « La vérité est un lieu vide qu’il s’agit de combler par une foule de figures. » (Hardda Ayyoub) Le prophète invite chacun à s’élever au-delà de son ego pour atteindre le "moi divin". L’influence de Nietzsche et de Zarathoustra n’est pas loin de ce long poème, mais Khalil Gibran n’est pas un rebelle. « Son élévation est empreinte d’humilité et de fière soumission. » « Si vous cherchez Dieu, écrit-il, ne soyez pas préoccupé de résoudre des énigmes. Regardez plutôt autour de vous et vous le verrez jouant avec vos enfants. » « Ceux qui savent ne parlent pas. Ceux qui parlent ne savent pas. » Lao-Tseu, verset 56 Le sage oriental, Khalil Gibran qui, longtemps vécut aux États-Unis, écrivit le Prophète en langue anglaise comme pour livrer à l’Amérique sa croyance, son idéal philosophique. Le texte est une longue et limpide leçon de sagesse jetant un pont entre l’Orient et l’Occident. Exégète de la Nahda, grand mouvement de renaissance culturelle qui a traversé le monde arabe à la fin du X1Xème siècle, Khalil Gibran déclame sa vérité après qu’un grand silence se soit fait. « Un chercheur de silence, voilà ce que je suis. Et quels trésors ai-je trouvés en mes silences que je puisse dispenser avec confiance ? » « Le cœur est à présent comme un arbre lourd de fruits, et l’heure du départ est aussi l’heure de cueillir et de distribuer. »


*Théisme : Lire cet excellent article : http://andregounelle.fr/vocabulaire-theologique/theisme.php


 
 
 

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